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ZSEFT- ZUNDAPP
15 novembre 2009

Paris 1979, les KS50 sont dans la ville.

Dans un ancien N° de La Vie De La Moto, voici le témoignage de Pascal ROBY qui en intéressera plus d’un, c’est un voyage dans le temps qui nous plonge en région parisienne, de décembre 1979 date de l'achat, jusqu'à la revente en 1982. Juste après l’interdiction en France de la vente des cyclomoteurs « à boite de vitesses », une des causes, parmi tant d’autres, de la faillite de Zündapp en 1984. Ci dessous le texte intégral.

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Mon KS 50, je suis allé l'acheter avec mes parents chez Schmitt et Bonnet, un gros concessionnaire de la région parisienne, à Noisy-le-sec. Ils avaient du stock et le choix des couleurs, alors tout le monde allait chez eux. Dans le magasin, on en a vus plusieurs d'alignés, mais on nous a dit  "Ils sont tous vendus !". Alors on a passé commande avec des arrhes.

Au bout de 15 jours, les Zündapp arrivent. Quelle émotion... ma première moto ! Surtout une neuve.

KS50EddyHau79

En couverture de la publicité française de 1979 le pilote "usine" Eddy HAU (voir son palmarès) est au guidon d'un KS50 strictement identique, couleurs et options, à celui de Pascal.

 

Respect de la pastille :

Et me voilà parti pour le rodage. 500 kilomètres à 45 à l'heure, à cause de la pastille qui bridait l'échappement. Après la révision des 500 km, on enlevait la pastille et là…78 km/h ! Je faisais des allers-retours sur le boulevard Voltaire, à Asnières, et l'aiguille du compteur oscillait, se rapprochait du 80, mais rien à faire, elle revenait à 78 ! Avec un pignon de sortie de boîte plus gros, un 16dents, ça marchait à 90/95km/h. Compteur bien sûr! Impossible de dépasser le 16 dents car la chaîne aurait arraché le carter. Il fallait une couronne plus petite. Le meilleur rapport c’était 16/38. Là on prenait 105 !

A l’époque j’étais apprenti mécanicien à Montreuil, c'était loin de chez moi alors je passais par le périphérique tous les jours. Avec le Zündapp j’ai fait 24.000 km, dont 20.000 de périph’. Pas un accident et je ne me suis jamais fait choper par les flics Sauf que...

Je ne savais pas encore que les attaches rapides avaient un sens de montage. Un jour, je double une voiture de police sur le périph' et d'un seul coup l'attache rapide saute et tombe au fond du carter de chaîne! Je finis à pied en poussant jusqu'à la première sortie. Là, d'en haut j'ai vu les flics qui m'attendaient en bas... J'ai continué à pousser et je suis redescendu un peu plus loin... par la rampe de l'entrée!

Mano a mano :

Après j'ai essayé 16/36 pour aller plus vite. Mais sur le plat, impossible de passer la 4eme ! Je suis monté en haut de la Porte des Lilas et là, j'ai attaqué la descente vers la porte de Pantin. J’ai pris presque 120 compteur, mais arrivé sur le plat, il rechutait à 80 !

Un autre jour, je sors du périphérique à la  Porte de Clichy et le vois un jeune sur un Zündapp tout trafiqué. Le mien était d'origine avec carbu Bing pot et filtre à air. Le sien avait ce qui se faisait beaucoup : guidon Z bar torsadé, carbu Dell’Orto de 20, pot de détente, des glides à la place des clignotants etc. Et avec ça, un raffut …. !

KS50Parisien

Un exemplaire de KS50 "parisien", guidon Zbar, dell'orto, plus de garde boue arrière ni de carter de chaine.

Bien sûr, le carter de chaîne, il l'avait arraché parce que ça faisait « pépé ».Plus de garde boue arrière non plus. Donc le jeune au feu rouge me regarde et il me dit :   « A combien tu montes? » - Je réponds. « Bien lancé je monte je monte à 100/105. Lui : « Moi 120! ». Alors là je lui dis : « Tu sais les Zündapp, je les connais bien, depuis le temps que je les trifouille……120, ça m'étonnerait! Si tu veux on se tire une bourre sur le périph ».

Tricheur! :

Il me dit "D'accord" et nous voilà partis. Il massacrait sa mécanique, il mettait des grands coups de pied dedans et c'est vrai qu'au démarrage il me larguait. Mais ce qu'on voulait voir c'était la vitesse, puisqu’il disait qu'il montait à 120. Alors le voilà devant, lui à plat et moi le nez dans la bulle. Je commençais à le remonter, mais c’était long.

On sort à la Porte Dauphine et la je lui dis  « Ecoute, il faut que tu m’attendes, je me lance avec le mien et quand je suis à fond, tu te mets à côte de moi et tu accélères. Normalement si tu monte à 120 tu dois me déposer. Il me dit « D’accord » ...et il le fait pas! Le revoilà à fond les gamelles. Je remets le nez dans la bulle, lui il zigzaguait entre les bagnoles droite-gauche-droite-gauche comme il faisait en ville.

Moralité, une patrouille l’a remarqué, un J 7 de flics ! Moi, tranquille, je double le J 7 et on sort Porte de Clichy. On s’arrête au feu et d'un seul coup le J7 arrive.

J7PoliceParisienne

Un J7 de la police parisienne

Gros travers devant nos motos, les flics descendent....

« V'nez-là-vous-les-papiers ! » Le flic me regarde et me dit «Ça monte à combien votre truc ?» «Oh!... 60... 70.. »

Il me dit « Vous vous foutez de ma gueule ! On était à 100 et on n'arrivait pas à vous rattraper ! ».Ils avaient bien envie d'immobiliser les Zündapp, mais en fin de compte ils ont mis un PV au gars et moi ils m'ont laissé partir.

L'adieu :

Ce Zündapp, je l'ai eu de 15 ans à 18 ans- Puis j'ai passé mon permis et je l'ai vendu. Je l'avais payé 6.500 ou 6.600F avec l'option "tête de fourche". Il était tellement beau (il couchait au chaud, pas seulement au sec, AU CHAUD!) que je l'ai revendu 7000 F. Entre temps la loi avait changé: la licence, interdiction des 50 à vitesses, tout ça. On n'en trouvait plus en neuf et le marché de l'occasion s'est mis à grimper.

C'est un jeune qui me l'a acheté. Je l'ai revu trois mois plus tard, un soir sur les Champs-élysées, et ça m'a fait de la peine. Il avait déjà viré les clignotants pour mettre des "glides", il avait viré le porte-bagages, il avait viré le garde-boue, il avait peint les jantes d'une autre couleur. Il m'a dit qu'il allait monter un kit à eau pour aller plus vite, mais on peut les gonfler, ils ne vont jamais plus vite qu'à l'origine. Certains disaient même: « Le Zündapp c'est pas un 49.9.- Si ça va aussi vite c’est parce que c’est un 50 ! »

C'est vrai que c'est increvable, mais il ne faut surtout pas chercher à le gonfler. La seule chose à faire, c'est avoir un pot bien décalaminé, le bon pignon de sortie de boîte et la bonne couronne.

Concurrence :

Avec la licence on pouvait rouler avec le "watercooled" à cinq vitesses. Mais beaucoup préféraient une 125, la Suzuki GT ou la Yamaha RDX, moins chères. Le "watercooled" avait un Mikuni de 19 mm, mais il n'allait pas plus vite que le KS à air. C'est incroyable, l'un est à boite quatre, allumage à rupteur, carbu de 15 l'autre a cinq vitesses, allumage électronique et carbu de 19 mais ils vont à la même vitesse.Mais pour les pièces, aïe ! aïe ! A 15/16 ans on était riche avec 150 ou 200F en poche, mais le segment, à lui seul c'était une catastrophe : il valait 150F ! Je le sais parce que je l'ai changé un jour  croyant que c'était lui qui m’empêchait d'ailler plus vite. En fait c'était le pot qui était bouché.

Le Zündapp, ça allait vite, plus vite qu'un Yamaha et ça ne cassait pas. Son concurrent direct c'était le Kreidler, mais il était moins beau. Esthétiquement plus archaïque. Le Testi ça marchait, mais ça cassait sans arrêt des pistons. J'avais un copain qui avait un Yam, il lui a mis tous les kits de la terre mais il n'a jamais pu me doubler.

Bientôt ceux qui vont atteindre la quarantaine rechercheront leur première moto. Il va se passer ce qu'on a vu avec les Rumi. Mais les Zündapp, ça se volait bien, alors aujourd'hui, un beau d'origine, il n'en reste plus. Les pièces détachées étaient tellement chères que personne n'a fait de stock. Si on avait le gros pépin, on laissait carrément tomber. C'est comme ça que j'ai pu acheter le mien, chez un concessionnaire qui l'avait depuis des années. Il y avait pour 5 ou 6.000F de réparations et son propriétaire ne l'a jamais repris...

Ce témoignage de Pascal ROBY a été recueilli Mr Jean BOURDACHE et publié en Mars 1998 dans le n°222 de LVM, nous les remercions tous deux pour nous avoir autorisé à republier ce document sur le blog du ZSEFT.

Voir le super blog de Jean Bourdache: http://zhumoriste.over-blog.com/articles-blog.html

PascalRoby

En Mars 1998, 20 ans après, Pascal Robby est ici avec Marine et Céline, et son nouveau KS50 Watercooled (photo: LaViedelaMoto n°222).

PubGottfriedKS50_2

Le même KS50 que plus haut, toujours une photo fournie par l'usine (puisqu'équipé d'une plaque). Ici c'est une publicité qui figurait dans une revue moto française.

Commentaires du ZSEFT :

Dans ce témoignage, il n'y a que du vécu! La description de l’achat du KS50/4vit. et les scènes de rues où il a le premier rôle, témoignent du grand succès en France de cette série de cyclomoteur Zündapp.

L’importateur Gottfried avait eu une très bonne expérience avec la série des 517-C50 Sport précédents, réalisés sur mesure par l'usine pour en faire, de 1973 à 1976, des cyclomoteurs esthétiques et performants.

Dès lors,  avec en 1977 la sortie de la série 529 à "roues batons", Zündapp appliquera pour le marché français la même recette, ainsi avec ces nouveaux cyclomoteurs "KS50" et "GTS50" ce fut pour Zundapp un succès sans précédent. Leurs prix exorbitants, à l’époque, pour des cyclomoteurs ne freinaient pas les ventes, au contraire, ils installaient Zündapp dans la position du fournisseur de cyclomoteurs « haut de gamme » (en 1979 : 6.000FF pour le KS50, sans l’option "tête de fourche", et 5.400FF pour le GTS50).

Alors qu’à la même époque la KS125cc watercooled/17ch, elle aussi la plus chère des 125cc, se vendait très peu en France. La concurrence était, sur ce créneau des 125, beaucoup plus rude que sur celui des 50cc (ou des 49,9cc !!!). Pour les 50 Zündapp l’utilisation du graissage par mélange n’était pas encore le handicap majeur qu’il représentait déjà pour les 125 Zundapp face au graissage séparé des moteurs 2 temps japonais.

Ces cyclomoteurs « francisés » à pédales et boite 4 vitesses, contrairement au GTS50/4vit. allemand, avait le haut moteur « Maxitherm ou Supertherm» du KS50/5vit/6,25ch « à air », le KS à 5 vitesses n’était pas importé en France dans cette version « Air » mais uniquement en version « Watercooled » (16ans avec permis ou licence A1).

Le bridage de ces cyclomoteurs était par la volonté de l'importateur très sommaire avec la mise en place en usine d'une rondelle à l'entrée de l'échappement, et il n’est pas étonnant, qu’une fois ce bridage sommaire retiré, les performances soient au rendez vous.

L’embiellage du 4 vitesses moins performant que celui du 5 vitesses (à masse pleine), devait bien occasionner un écart de puissance, mais sur ces cyclos une fois la rondelle rétirée (après le rodage, sur les conseils du concessionnaire) on était sûrement entre 4 et 5ch  soit la puissance nécessaire pour atteindre facilement les 80km/h (avec la bonne démultiplication) soit le  double des 2,8ch "officiels" pour rouler à 45km/h.

Pour avoir une idée de la puissance maxi d'un 4 vitesses il faut se reporter en 1967 période où les KS50 "libres" de la série 517 existaient en 4 et 5 vitesses, les "KS50 Super" à 4 vitesses étaient donnés pour 4,8ch à 7.500tr/mn et les 5 vitesses 5,2ch  à 7.500, quelques années plus tard, en 1971, avec le cylindre Maxitherm les 5 vitesses passèrent à 6,25ch à 8.400tr/mn, mais on ne connait pas la puissance d'un 4 vitesses avec cylindre Maxitherm!! Théoriquement cette puissance des cyclos français (529/GTS/KS50) débridés serait supérieure aux 4,8ch du KS50 Super (4 vitesses et cylindre ventilé) de 1967.

Les remarques de Pascal ROBY sur l’optimum que représentaient les organes d’origines, était un fait, Zündapp ayant très bien accordés entre eux le bing de 15mm (avec son filtre à air), l’échappement standard et son bloc moteur. Cela peut toujours se vérifier, car pour remettre au top un vieux Zündapp, rien de tel que de le rééquiper comme à l’origine. C’est ainsi que l’on a le meilleur compromis puissance, souplesse et consommation. Pascal nous transmet son expérience sur la démultiplication parfaite pour les 50cc 4vitesses Zundapp : un pignon de 16 dents avec une couronne de 38 dents, démultiplication qui doit aussi convenir aux C50 Sport à 4vitesses. Pour ceux qui ne connaîtraient pas le périphérique parisien où circulait en permanence Pascal, il est, comme les autoroutes et les 4 voies, interdit d’accès aux cyclomoteurs.

Pascal ROBY nous rappelle aussi la légende des 49,9cc et des 50cc, légende qui courrait en France parmi les jeunes qui, peu au fait de la cylindrée exacte des différents cyclomoteurs (50 sans permis) et vélomoteurs (50 à 125 avec permis), expliquaient ainsi ingénument, les différences de performances par cette supposée différence de cylindrée (qui n'existe pas...).

Par contre, Pascal est pessimiste lorsqu’il nous dit que l’on ne peut plus trouver un beau cyclomoteur Zündapp en état d’origine. En effet avec la quantité qu’il s’en est vendu, certains ont eu la chance d’être conservés par des personnes soigneuses jusqu’à nos jours.  Mais pour s’en procurer un de la sorte, il faut être patient et surtout rapide lorsqu’ils apparaissent. Voir les exemplaires ci-dessous qui se sont vendus, très rapidement, récemment :

GTS50fran_aisLeboncoin

KS50deNosJours

KS50_79_80

Voir notre dossier inspiré par le témoignage de Pascal, sur les transmissions finales des 50 4vitesses, avec toutes les combinaisons possibles et les vitesses "chrono" qui vont avec.

PMG

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